Le pont de Sully, nouvelle tuile pour les OS
Endommagé depuis fin janvier, le pont de Sully, à Paris, n’est plus que partiellement franchissable par les péniches. « Hyper inquiet », Jean-François Lépy, membre du bureau et référent logistique d’Intercéréales, fait le point sur la situation.
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Nouveau coup dur pour les organismes stockeurs du bassin parisien. Après les Jeux olympiques, pour lesquels cinq mesures ont été prises pour assurer le transport des céréales sur la Seine, c’est au tour du pont de Sully, à Paris, d’apporter son lot de perturbation.
Ce dernier a en effet été endommagé le 31 janvier par un bateau touristique, côté rive gauche, engendrant une forte restriction de la circulation des péniches. « Cela faisait au moins 40 ans qu’il n’y avait pas eu d’accidents malencontreux de ce type à Paris », relate Jean-François Lépy, membre du bureau et référent logistique d’Intercéréales, et par ailleurs DG de Soufflet Négoce by InVivo.
« On ne sait toujours pas ce que veulent faire les experts »
« C’est un sujet critique car la circulation sur la Seine est fondamentale pour l’export, pour le bon fonctionnement des marchés. » D’autant que la dynamique d’export est assez forte en ce moment au niveau du port de Rouen. Pour rappel, près de 3 Mt de céréales passent sous les ponts de Paris chaque année, dont 700 000 à 1 Mt à la moisson. Cette situation handicape tous les opérateurs qui chargent en amont de Paris : Soufflet, Axéréal, Vivescia, Valfrance, Ynovae, 110 Bourgogne, Ile de France sud…
« Depuis le 31 janvier, ça ne bouge pas vite du côté de la mairie de Paris, à qui appartient cet équipement », ajoute-t-il, très remonté. « On est plus d’un mois après l’évènement, on ne sait toujours pas ce que les experts et la mairie de Paris veulent faire pour sécuriser temporairement le pont avant de procéder aux réparations qui auront lieu après les Jeux olympiques. Je suis hyper inquiet de ne pas savoir quand ça va être réparé et comment. » Sous-entendant qu’à côté de ça, le sujet des JO, c’est presque insignifiant.
« Tout le monde joue le jeu, sauf la mairie de Paris »
Pour y faire face, la profession a mis en place une procédure : « Chaque silo ou usine réceptionnaire de péniches qui vont charger en amont de Paris envoie son programme réactualisé deux fois par semaine, à la préfecture de Paris et d’Île-de-France, qui a donc une vision extrêmement précise de tous les flux qui montent jour par jour. Ce qui permet au préfet de prendre un arrêté chaque vendredi avec les horaires d’ouverture de la semaine suivante. »
Le préfet a ainsi ouvert des créneaux d’1 h 30 puis de 3 h, cinq jours par semaine, pour l’ensemble des secteurs d’activité. VNF a également fait modifier les horaires d’ouverture d’écluses en amont de Paris. « Les gestionnaires d’infrastructures, le préfet, les céréaliers, les bateliers, tout le monde a joué le jeu, sauf la mairie de Paris. »
« Pas de catastrophes à ce stade »
Actuellement, environ 20 bateaux chargés de céréales passent à Paris chaque jour, ce qui correspond à peu près à la capacité de réception quotidienne de Rouen (environ 20 000 t/jour). Au prix d’une organisation millimétrée, « les programmes sont respectés, on arrive à fluidifier », poursuit-il : il n’y a pas de péniches de céréales bloquées en amont, et pas de conséquence pour le moment sur les OS. À part « une adaptation des horaires de chargement, avec des opérateurs qui travaillent la nuit ou le week-end sur les points d’expédition en fluvial », ce qui est quand même plutôt rare.
« Donc on n’a pas de catastrophe à ce stade, mais ça aurait pu. Il suffit que, par principe de précaution, la Seine soit fermée jusqu’à nouvel ordre, et c’est la catastrophe. Cela montre aussi qu’il est nécessaire d’avoir un interlocuteur sur l’axe Seine traversant Paris avec qui on puisse dialoguer, essayer de trouver des solutions pour avancer », conclut Jean-François Lépy.
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